Nice, Cannes et les villes de la Côte d’Azur ne sont pas encore aussi « vidéo-surveillées » que Londres, mais on y vient. Et pas doucement. D’ici la fin de l’année, 300 nouvelles caméras seront disséminées dans les rues de la capitale de la Côte d’Azur. Et d’ores et déjà, ce sont près d’un millier de zooms sécuritaires qui, de Menton à Mandelieu, sont braqués 24 heures sur 24 sur le quotidien des Azuréens. Effet de mode ? Sur le Croisette, on assure qu’il n’en est rien. La justification du titre de « Cannes, ville la plus vidéo-surveillée de France » se trouverait dans les chiffres de la délinquance.« Depuis 2002, nous avons installé 218 caméras. D’abord dans le quartier sensible de Ranguin et dans le coeur de ville, entre Croisette et rue d’Antibes. Aujourd’hui toute la cité est couverte. Et sans prétendre que ce maillage vidéo est la panacée en matière de sécurité publique, force est de constater que les chiffres de la délinquance ont chuté de prés de 48 % », certifie David Lisnard, 1er adjoint au maire.A Nice, la situation est un peu différente. Si Jacques Médecin avait été pionnier en la matière dès les années 80, la surveillance vidéo a pris du retard… sans que personne ne s’en aperçoive.Certes, 108 caméras sont disséminées dans la ville, sans compter celles strictement – 77 — dévolues à la gestion de la circulation. Mais jusqu’à ces derniers mois, elles n’étaient très souvent que de pure façade. Près de 40 d’entre elles – 16 sur 22 à la gare routière – étaient en panne, hors service ou tout simplement… pas connectées au PC de supervision du tunnel Malraux.Quant à celles de l’avenue Jean-Médecin, et au-delà sur tout le tracé du tramway, elles tournaient toutes dans le vide. De vraies caméras de singe… dès lors que le réseau de fibre optique – censé relayer leurs images – avait été endommagé, voire tout simplement détruit pendant les travaux du tramway.300 caméras de plus à NiceNice vivait donc surtout sur sa réputation de ville vidéo-surveillée. « Mais ça ne durera pas, assure Christian Estrosi, le député-maire. Nous avons budgété 7,4 millions d’euros, afin de remettre en service 300 nouvelles caméras dans toute la cité. »Les lieux d’implantation viennent d’être arrêtés par une commission à laquelle la police nationale était étroitement associée. « L’objectif sera atteint avant la fin 2009. Il nous permettra techniquement de suivre un délinquant depuis le lieu de son délit, le plus souvent en centre-ville, jusqu’à sa zone de repli grâce à ce maillage de vidéo protection qui n’exclura aucun quartier. Je veux que les voyous sachent qu’ils n’auront, grâce à ce système, plus aucune échappatoire. »D’ici à dire que la vidéo-protection est l’arme absolue contre la délinquance de rue, il n’y a qu’un pas… que personne cependant ne franchira. Certes, à Nice, elle vient de permettre le guidage des policiers nationaux jusqu’au repère d’un voleur à la portière qui venait de sévir à la sortie est de l’A8… au nez et à la barbe numérique d’une caméra. A Cannes, elle a facilité le 14 juillet dernier, la traque rue après rue d’un braqueur qui avait raflé la recette d’un restaurant de la Croisette.Une histoire sans finMais le système a ses limites. A court terme, il est efficace en terme de dissuasion et de prévention. Témoin l’accueil réservé par les voyous du quartier de la Blaquière aux toutes premières caméras installées dans leur cité à Grasse. A peine accrochées, elles étaient lapidées, mais déjà efficace. Avant d’être détruite par un jet de pierre, elles avaient filmé et transmis les images du lapideur arrosé. Mais à moyen terme, le risque qu’elles ne conduisent qu’à un simple déplacement des actes de délinquance est inévitable.« C’est un fait. A nous d’y remédier en faisant régulièrement des diagnostics sur le terrain. Un exemple : après avoir mis en service une caméra au Suquet aux abords d’une zone connue de deal, le trafic s’est déplacé dans une petite rue jusque-là tranquille. Comment y remédier : en installant un nouveau globe ! », raconte David Lisnard.La réponse a sans doute été efficace, mais l’histoire, du coup, est sans fin.via Nice Matin